Des chantiers navals pour quoi faire ?

Que les salariés des chantiers navals fassent tout pour conserver leur emploi, rien de plus compréhensible. En revanche et à moins de n'avoir d'horizon que celui du PIB, il est urgent d'ouvrir un débat sur les nuisances, l'utilité sociale et l'opportunité qu'il y a à poursuivre la construction de paquebots géants.

La croisière s'amuse, certes, mais qu'en est-il des riverains et des territoires contraints de subir leurs venues et les nuisances qui les accompagnent ? Un sondage réalisé auprès des vénitiens, de leurs palais et de la lagune ou des icebergs, des baleines et des pingouins permettrait d'obtenir une réponse assez précise.Selon FNE (France Nature Environnement), un paquebot à quai pollue comme un million de voitures ; à Venise, les dégâts écologiques sont innombrables et la ville est transformée en parc d'attractions. La croisière abuse ... Cette déclinaison navale du tourisme industriel qui privatise l'environnement pour le profit d'une poignée de cupides tout en provoquant des dégâts incommensurables, obligera à remettre en question la poursuite de la construction d'usines à rêves aussi ridicules que nuisibles. 

Corollairement, cette interrogation : qu'est-ce qui peut bien justifier qu'on ait envie de passer une semaine dans une cité HLM flottante surdimensionnée ? Réponse, l'intoxication des cerveaux par la propagande publicitaire et culturelle américaine, ses films et ses séries ( ne pas en sous estimer l'importance idéologique). Des retraités et des semi-prolétaires (ne rien voir de péjoratif là dedans) voient là, une porte entrouverte sur le monde des privilégiés, l'accès à la table du capitaine. Belle revanche sur des moments difficiles, sur des brimades, que de "jouer aux riches" à son tour. Rêves de soirées en habit, de conversations mondaines et insouciantes, de chaises longues autour de la piscine du pont supérieur. Certes, la réalité ne correspond pas à ce qu'on avait imaginé mais qu'importe. Tant pis si le Costa Concordia a remplacé le France ou le Queen Elisabeth, si les cabines sont "intérieur basic" et si les boissons sont en sus. Il reste qu'une semaine de fantasme à 300€, ça ne se laisse pas passer. Ce billet aurait pu porter sur d'autres activités (produits parapharmacie, agriculture intensive, vêtements etc) puisque c'est à ce si sympathique capitalisme, qu'il soit privé ou d'état, que nous devons d'accepter une situation déplorable dont les conséquences criminelles vont en augmentant depuis une vingtaine d'années.